La thérapie génique pour soigner l’ataxie de Friedreich

29/11/2018

Hélène Puccio, chercheuse à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, étudie l’ataxie de Friedreich depuis une vingtaine d’années déjà, une maladie neurodégénérative pour laquelle il n’existe aucun traitement. En 2018, elle est parvenue pour la première fois à stopper et « réverser » la maladie dans un modèle de souris mimant les atteintes neurologiques de l’ataxie de Friedreich chez l’humain.

L’ataxie de Friedreich est une maladie génétique héréditaire rare touchant une personne sur 30 000. Elle aboutit généralement à une mort prématurée par arrêt cardiaque. Troubles de l’équilibre et de la coordination des mouvements volontaires (ataxie), problèmes cardiaques, diabète, cette maladie récessive présente plusieurs symptômes et se déclare généralement chez les enfants âgés entre 7 et 14 ans. 10 ans après le début de la maladie la plupart d’entre eux sont en chaise roulante.

Stopper et « réverser » la maladie

D’un point de vue génétique, l’ataxie de Friedreich se traduit par une perte partielle de la fonction de la frataxine, une protéine essentielle à l’activité des centrales énergétiques de la cellule ainsi que de nombreuses autres voies cellulaires. Ses travaux sur le sujet débutent en 1998 alors qu’elle rentre en France après une thèse au Etats-Unis sur la myopathie de Duchenne. « Le gène de l’ataxie de Friedreich venait d’être identifié, rien n’était connu. »

La chercheuse tente dans un premier temps de reproduire la pathologie chez l’animal et d’avoir une meilleure compréhension de la maladie et de la fonction de la frataxine. En 2014, grâce à un modèle de souris reproduisant les problèmes cardiaques induits par l’ataxie de Friedreich, une première approche de thérapie génique est testée. « Nous avons montré que nous étions capables de stopper et de « réverser » la maladie même si elle était déjà installée. »

Un vecteur viral

Cette thérapie génique utilise un vecteur viral, le virus AAV, capable de rentrer dans une cellule. « D’ordinaire, une fois dans la cellule, le virus introduit son ADN pour créer de nouveaux virus. Dans le cas du virus AAV, nous avons désactivé ses gènes et nous les avons remplacé par la frataxine. Il entre ainsi dans la cellule et y introduit cette protéine. » Des études montrent que dans le primate non humain, la durée d’expression du virus est d’au moins 14 ans. « Je pense qu’une injection pourrait avoir des effets durant plusieurs années. »

Quatre ans plus tard, un nouveau modèle de souris est créé pour comprendre la partie sensitive de la maladie. « Là encore, nous avons montré au niveau neuronal qu’il y avait une correction rapide et réversible de la maladie grâce à l’injection d’un vecteur exprimant la frataxine. » Prochaine étape : trouver un vecteur clinique permettant de traiter simultanément ces deux aspects de la maladie. « Il faudra également voir s’il n’y a pas de toxicité et trouver un moyen de l’administrer chez l’homme. Nous ne sommes pas encore en clinique, et malheureusement, les familles doivent encore patienter », conclut Hélène Puccio.

Marion Riegert

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