Les mousses de Wiebke Drenckhan remportent un second ERC

11/12/2018

Isolation, matelas, bulles de savons… chaque jour, nous rencontrons plus d’une dizaine de mousses polymères dans notre quotidien. Pour percer les secrets de ces mousses et tenter de les modifier afin de leur donner des propriétés nouvelles, Wiebke Drenckhan, chercheuse à l’Institut Charles Sadron, vient d’obtenir une seconde bourse ERC (European Research Council).

« Comment les bulles s’organisent ? Quelle est le lien entre cette organisation et les propriétés de la mousse ? » C’est à ces questions que Wiebke Drenckhan, physicienne passionnée à l’enthousiasme communicatif, tente de répondre depuis sa thèse. Objectif : Exploiter le véritable potentiel des mousses polymères. Son travail déjà récompensé par une première bourse ERC Starting Grant de 1,5 million d’euros en 2012, vient à nouveau d’être reconnu à travers l’attribution d’un second ERC Consolidator Grant en 2018.

Avoir une vision à long terme

Une véritable bouffée d’oxygène pour Wiebke Drenckhan arrivée à l'Institut Charles Sadron en 2016. « Le problème quand on est chercheur aujourd’hui c’est que l’on passe une grande partie de notre temps à chercher des financements. Cet ERC représente trois thèses, deux post-doctorants, un ingénieur de recherches... Il permet de créer une vraie dynamique autour d’un projet ambitieux en collaboration avec de nombreux collègues et d’avoir une vision à long terme », souligne la chercheuse qui tient à préciser que la recherche, surtout en physique, est un exercice très collectif.

Durant son premier ERC, Wiebke Drenckhan s’est attachée à comprendre les mécanismes qui organisent les bulles au sein d’une mousse lors de son passage de l’état liquide à l’état solide. « Je me suis rendue compte que la physique qui contrôle cette organisation donne toujours la même structure et donc les mêmes propriétés. » Les 2 millions d’euros du second ERC vont lui permettre de travailler sur le moyen de modifier ces structures pour obtenir des mousses originales. « Je souhaite ainsi faire entrer les mousses dans le domaine des «métamatériaux», des matériaux aux propriétés bien supérieures à celles des matériaux naturels. »

Des mousses qui se rétractent

Les mousses ainsi modifiées pourraient par exemple être utilisées dans l’isolation acoustique pour interdire à une gamme de fréquence de les traverser. D’autres applications se situent du côté de la mécanique. « Lorsqu’on appuie sur une éponge les côtés s’élargissent. En créant un métamatériaux, on pourrait faire en sorte que ce soit le phénomène inverse qui se produise et que l’éponge se rétracte. »

Une partie du budget de l’ERC est également dédié à l’art et aux sciences. Deux domaines entre lesquelles Wiebke Drenckhan, illustratrice dans son temps libre, avais du mal à choisir et qui ont été réconciliés en partie par sa recherche. « J’ai enseigné à l’École nationale supérieure de création industrielle à Paris et j’ai eu des designers en résidence dans mon laboratoire. A Strasbourg, je commence à collaborer avec le Théâtre jeune public pour préparer des ateliers autour des mousses », précise la chercheuse qui a aussi choisi d'étudier la mousse pour son aspect visuel. « C’est beau, c’est un objet très concret qui attire à la fois des problèmes mathématiques et fondamentaux mais aussi des projets appliqués en lien avec des industriels. » Vous ne verrez plus jamais votre liquide vaisselle de la même façon…

Marion Riegert

10 ans de bourses ERC

Good to know

Créé en 2007, le Conseil européen de la recherche a permis de financer près de 7 000 projets en dix ans, après une sélection drastique qui ne retient que 11% des projets candidats. L’objectif de l’Union européenne, qui souhaitait accroître le dynamisme et la créativité de la recherche européenne et développer par son biais une recherche « plus audacieuse », est atteint. Chaque année, l’ERC attribue 4 types de bourses de recherche individuelles pour une durée de 5 ans (sauf les Proof of concept). Avec des montants allant de 1,5 à 3,5 millions d'euros par chercheur.

  • Les bourses Starting Grant : Destinées aux jeunes chercheurs deux à sept après obtention de leur thèse. Ces bourses permettent de constituer une équipe de recherche autour d’un thème original. Elles soutiennent les projets scientifiques sur des sujets ambitieux et comportant des risques.

  • Les bourses Consolidator Grant, pour les jeunes chercheurs sept à douze ans après obtention de leur thèse. Elles ont les mêmes objectifs que les bourses Starting Grant.

  • Les bourses Advanced Grant : Elles permettent à des scientifiques confirmés de proposer un sujet en rupture par rapport à leurs activités de recherche, tout en restant actifs au niveau scientifique. La recherche proposée par le candidat doit ouvrir de nouvelles perspectives.

  • Les bourses Proof of concept (vérification de concept) réservées aux lauréats ERC. Elles constituent une aide à la valorisation de l’innovation issue des travaux de recherche (dépôt d’un brevet, à évaluer un potentiel marchand ou à valider techniquement un produit.)

Pour vous replonger dans les 10 ans de l’ERC célébrés en mars 2017 à Strasbourg, lire notre communiqué : 2007 -2017 L’université de Strasbourg, le CNRS et l’Inserm célèbrent les dix ans du Conseil européen de la recherche.

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