Un chercheur s’allie avec Greenpeace pour la sauvegarde des tortues marines

01/07/2019

Du 25 mai au 13 juin 2019, Damien Chevallier, chercheur à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC), était en Guyane afin d’équiper une quinzaine de tortues luths de caméras embarquées, de biologgeur et de balises Argos, qui enregistrent des données comportementales et biologiques. Des équipements financés par Greenpeace qui a rejoint la mission du 3 au 10 juin.

« Passée de 50 000 pontes par saison dans les années 90 à moins de 200 en 2018, la tortue luth est en train de disparaitre », constate Damien Chevallier, chercheur à l’IPHC, qui a participé à l’analyse démographique de 46 000 femelles venues pondre sur une période de 30 ans sur le site de Yalimapo en Guyane. Un site qui accueillait 40% de la population mondiale de cette espèce il y a 30 ans. « Ce constat est d’autant plus alarmant que ce déclin est à l’échelle régionale, confirmant que les tortues luths, très fidèles à leur site de ponte, ne vont pas pondre ailleurs »

Connaitre le comportement des tortues

Cette année, le chercheur a décidé de s’allier avec Greenpeace dans le cadre d’une mission qui s’est déroulée du 25 mai au 13 juin 2019. « Ils m’ont contacté pour leur campagne d’observation de récifs au large du fleuve amazone qui sera lancée à l’automne 2019. Après discussions, Greenpeace a proposé de financer l’équipement de balises Argos et de biologgeurs permettant d’équiper une quinzaine de tortues marines », explique Damien Chevallier rejoint sur place par des membres de cette organisation internationale du 3 au 10 juin 2019.

Petite nouveauté pour le chercheur, l’utilisation de caméras embarquées depuis quelques mois. « Avec les biologgeurs et les balises Argos, nous obtenions principalement des données spatiales et des profils de plongée, mais nous manquons d’informations précises sur l’activité réelle de la tortue. » Trajectoires durant la reproduction et la migration, zones d’alimentation, types de proies, budget-temps, cycle de ponte… Les caméras permettront d’améliorer les connaissances sur les facteurs environnementaux influençant le comportement des tortues et leur dynamique de population.

25% des femelles blessées et 40% des nids détruits

Plusieurs facteurs aggravants et notamment la capture accidentelle par les filets de pêche ont déjà été identifiés dans la disparition progressive de la tortue luth. « 25% des animaux qui viennent pondre à Yalimapo portent des traces de filet sur leurs épaules et leur cou. Une des tortues équipées d’une balise Argos a été retrouvée morte, tout comme huit autres individus présents dans la même zone. Ces captures sont accidentelles mais nous souhaitons que les Etats prennent leurs responsabilités et trouvent des solutions pour stopper cet impact négatif. Nous avons à ce titre déposé deux projets européens qui auront pour objectif de tester différents types de matériel permettant de limiter la capture accidentelle. » En cause aussi, l’érosion et la montée des eaux, dues au réchauffement climatique, qui ont conduit à la destruction de 40% des nids. 

Analysées dans le cadre de la thèse de Lorène Jeantet, doctorante à l’IPHC, les données recueillies seront fournies à des organisations non gouvernementales et à l’Etat. Objectif : « Définir les zones sensibles suivant les périodes, en travaillant de concert avec les pêcheurs afin de limiter les interactions avec les tortues. » A la rentrée, si son emploi du temps le lui permet, Damien Chevallier embarquera sur le bateau de Greenpeace. « Pour moi, c’est un porte-drapeau en terme de conservation et un bon relai d’information sur l’état de santé de nos océans. »

Marion Riegert

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