Port du masque, une baisse des ressources cognitives à la clé ?

14/10/2020

[Série] Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19 : management. Chercheuse au sein du laboratoire Hommes et management en société (Humanis), Isabelle Barth s’est penchée sur la question de l’épuisement cognitif lié au port du masque qui peut entrainer une baisse de productivité.

« Je ne suis pas anti-masque au contraire, mais je pense qu’alerter sur les problèmes qu’il entraine permet d’en prendre conscience et de soulager », précise d’emblée Isabelle Barth. En se documentant sur le sujet, la chercheuse se rend-compte que seuls deux de ses aspects sont évoqués dans les publications : « la gêne physique qu’il entraine et l’aspect micro affectif lié au fait que le visage soit caché. »

Isabelle Barth propose de s’intéresser à un troisième aspect : le parasitage cognitif. Un sujet qu’elle a étudié pendant 5 ans dans le cadre de la thèse d’une de ses doctorantes. « Nous nous sommes intéressées aux achats d’impulsion et avons remarqué que l’épuisement cognitif faisait partie de ce qui pouvait pousser à cet achat car il diminue la capacité de discernement. »

Le test de l’ours blanc

Pour la chercheuse, au-delà de l’objet physique encombrant, le masque est lié à une charge mentale. « Il ne faut pas l’oublier, bien le positionner. C’est un rappel constant à la pandémie, à la morosité. » Pour étayer son propos, elle site l’expérience des ours blancs menée par deux chercheurs américains Vohs et Faber en 2007.

Deux groupes doivent réaliser un même test, l’un sans consignes particulières, tandis que l’autre est enjoint à ne pas penser aux ours blancs. « Si un participant y pense, il doit mettre une croix sur une feuille. » Cette pression mentale entraine des résultats moins bons pour le deuxième groupe. « Une préoccupation constante génère une baisse de nos ressources cognitives », résume Isabelle Barth.

« Un allié encombrant »

Le masque peut ainsi aboutir à une forme d’épuisement de soi impactant la capacité de discernement, de réflexion et d’apprentissage nous rendant moins productifs dans le travail et les études. Un constat confirmé par les témoignages reçus par la chercheuse suite à la publication d’une tribune dans le Monde sur le sujet en septembre dernier. « De nombreux professeurs évoquent des élèves moins attentifs, fatigués avec une concentration réduite. »

Mais pas de quoi paniquer pour autant, Isabelle Barth évoque une phase d’apprentissage « qui passera en mode routine si l’obligation du port du masque venait à durer dans le temps. Comme lorsqu’une personne porte des lunettes, ou qu’elle a un plâtre, il y a une période d’adaptation. Après quoi, la personne s’habitue et est moins parasitée par cet allié encombrant. »

Marion Riegert

Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19

Plus d'informations

Psychologie, éthique, économie, histoire, virologie… nous sommes partis à la rencontre de chercheurs de différents domaines de l’Université de Strasbourg pour apporter un éclairage sur la crise du coronavirus.

Réseaux et partenaires de l'Université de Strasbourg

Logo Établissement associé de l'Université de Strasbourg
Logo de la Fondation Université de Strasbourg
Logo du programme France 2030
Logo du CNRS
Logo de l'Inserm Grand Est
Logo du programme HRS4R
Logo du réseau Udice
Logo de la Ligue européenne des universités de recherche (LERU)
Logo de EUCOR, Le Campus européen
Logo du réseau Epicur